HUMAN RIGHTS IN TIMES OF ILLIBERAL DEMOCRACIES - ΑΝΘΡΩΠΙΝΑ ΔΙΚΑΙΩΜΑΤΑ ΣΕ ΚΑΙΡΟΥΣ ΑΝΕΛΕΥΘΕΡΩΝ ΔΗΜΟΚΡΑΤΙΩΝ

| 238 N. C. Alivizatos Liber Amicorum in memoriam of Stavros Tsakyrakis du Front Populaire, en 1937. Cette visite a donné lieu à la plus importante manifestation des étudiants athéniens contre une autre dictature, celle du “régime du 4 août”, qu’avaient imposé au pays le roi et le général Métaxas, un an plus tôt. Cet incident, vaut être mentionné dans un tome dédié à Stavros Tsakyrakis pour une raison supplémentaire. La culture française qu’ évoquait la présence de Jean Zay à Athènes et, en particulier, son républicanisme de gauche, bien que distancée à partir d’ un certain moment par l’ esprit anglo-saxon dans la manière d’ interpréter le droit de Tsakyrakis, est malgré tout restée présente dans son approche du “quotidien” politique, cette autre source d’ inspiration primordiale de son action et de son œuvre. Élu très jeune député en 1932 et réélu en 1936, Jean Zay (1904-1944) appartenait à l’aile gauche du parti radical. À l’Assemblée Nationale, il s’est vite lié avec Pierre Mendès France, jeune député radical et juif comme lui, qui se souvenait ainsi de leurs premiers pas communs dans l’arène politique: “Membres du même parti, nous étions un certain nombre de jeunes situés à sa gauche, et nos réactions étaient semblables, face aux événements intérieurs et extérieurs, et aux difficultés de l’époque. Très vite, Jean Zay s’est révélé comme le plus lucide, le mieux informé parmi nous et le plus mûr aussi, et il est devenu en fait le principal animateur de ce que l’on désignait sous le nom inattendu de ‘jeunes turcs’” 1 . Entré au gouvernement Sarraut, à l’âge de 31 ans, en janvier 1936, c’était lui qui avait rédigé le rapport de politique générale pour le congrès du parti radical d’octobre 1935; c’est là qu’avait été entérinée la politique du Front Populaire. Après la victoire de ce dernier aux élections du 26 avril/3 mai 1936, Jean Zay a été nommé ministre de l’Éducation Nationale et des Beaux-Arts au gouvernement Léon Blum. En cette qualité il a entrepris de réformes profondes pour rendre l’école publique plus accessible aux classes défavorisées. La création des trois degrés d’enseignement, le certificat d’apprentissage et la réforme du baccalauréat lui sont dues. Responsable pour la création du CNRS, du musée de l’Art Moderne, il a lancé plusieurs projets, dont la création de Festival de Cannes et de l’ENA, qui ont vu le jour, après sa mort. Jean Zay a fait l’objet d’attaques continues par l’extrême-droite antisémite et antirépu- blicaine 2 . “Nous étions ce qu’on appelait des antimunichois, des va-t-en guerre”, écrivait 1. Préface in J. Zay, Souvenirs et solitude , Le Roeulx, éd. Talus d’Approche, 1987, p. 7. 2. Sur ce chapitre obscur de l’histoire de France, voir notamment M. Winock, La France et les juifs, de 1789 à nos jours , Paris, éd. Seuil, p. 185 s. Sur la campagne antijuive après la victoire du Front populaire, Winock cite trois articles de Marcel Jouhandeau, parus à l’époque dans L’Action française et plus tard réunis sous le titre Le péril juif . “Pour ma part”, écrivait Jouhandeau, “je me suis toujours senti instinctivement plus près par exemple de nos ex-ennemis allemands, que toute cette racaille juive, prétendue française (…)”. Pour ajouter à l’égard du ministère de l’Éducation: “Qui n’admettra encore avec moi tout l’odieux pour les élèves français de se voir enseigner le français ou l’histoire de leur pays par des métèques”, op.cit., p. 196.

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