HUMAN RIGHTS IN TIMES OF ILLIBERAL DEMOCRACIES - ΑΝΘΡΩΠΙΝΑ ΔΙΚΑΙΩΜΑΤΑ ΣΕ ΚΑΙΡΟΥΣ ΑΝΕΛΕΥΘΕΡΩΝ ΔΗΜΟΚΡΑΤΙΩΝ

N. C. Alivizatos 239 | Un ministre du Front Populaire à Athènes Pierre Mendès France, “parce que nous refusions dire, comme certains: ‘Plutôt Hitler que Léon Blum!’”. Emprisonné sous l’occupation par le régime de Vichy, il a été assassiné par la Milice, en juin 1944, quelques jours seulement avant l’arrivée de l’armée américaine à la prison de Riom, où il était détenu. Ses os n’ont été découverts qu’en 1948; ils ont été transférés au Panthéon en mai 2015 3 . C’est à l’occasion précisément de ce transfert qu’un hommage lui a été rendu à l’Université d’ Athènes, le 12 mai 2015, en présence de ses deux filles, Hélène et Catherine. Stavros Tsakyrakis y avait assisté. Jean Zay est venu en Grèce en avril 1937, pour participer à la célébration du centenaire de l’Université d’ Athènes. Il a effectué son voyage en hydravion, la “Flèche d’ Orient”, qui l’a emmené en moins de 12 heures de la Marignane à la baie d’Eleusis: “Il faut traverser la Grèce en avion, de Corfou au Pirée ou du Pirée à Salonique, no- tait-il dans ses mémoires, quelques années plus tard, pour découvrir avec surprise ses véritables dimensions, comprendre cette histoire incroyable qui a inscrit dans l’ immortalité des querelles de chefs-lieux de canton et élargi à l’échelle du monde ce qui s’ est déroulé sur l’ espace de cinq ou six de nos départements” 4 . Ministre de l’Éducation au gouvernement du Front Populaire de Léon Blum depuis juin 1936, Jean Zay n’avait alors que 33 ans. C’est Nicolas Politis, l’ancien ministre des Affaires Etrangères de El. Venizélos, professeur à la Sorbonne et ambassadeur quasi-permanent de la Grèce à Paris, qui lui avait rendu visite à la rue de Grenelle, pour lui en remettre l’invitation. Désigné chef la délégation universitaire française, il a fait, pendant son séjour en Grèce, l’objet d’un accueil plus que chaleureux de la part non seulement des étudiants et des milieux intellectuels, mais aussi des simple citoyens, qui ont salué par centaines en sa personne le représentant de la France républicaine et le symbole des valeurs démocratiques. En effet, une dictature fascisante était au pouvoir depuis quelques mois en Grèce, sous l’autorité du général Ioannis Métaxas, un militaire d’éducation allemande qui devait son avènement au pouvoir au soutien d’un roi autoritaire, soutenu lui-même par l’armée. La délé- gation française, qui comprenait des représentants de dix établissements d’enseignement supérieur, avait été précédée par la délégation allemande qui, plus nombreuse encore, avait à sa tête Werner von Rust, le ministre nazi de l’Éducation Nationale. Proche d’Hitler, celui-ci venait de rendre visite au site d’Olympie, dans le Péloponnèse, dont l’École Archéologique allemande, menait les fouilles. Personnalité obscure, von Rust n’allait pourtant pas participer aux festivités, pour des raisons qui n’ont jamais été révélées. Chose étrange, d’ autant plus que, comme le notait Jean Zay, il était resté à Athènes après le début des festivités, sans 3. Sur l’hommage solennel du 27 mai 2015, voir O. Loubes, Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle Anthonioz, Germaine Tillon, et Jean Zay au Panthéon , introduction de Mona Ozouf, Paris, éd. Textuel, 2015. 4. Souvenirs et solitude , op.cit., p. 196-7.

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