HUMAN RIGHTS IN TIMES OF ILLIBERAL DEMOCRACIES - ΑΝΘΡΩΠΙΝΑ ΔΙΚΑΙΩΜΑΤΑ ΣΕ ΚΑΙΡΟΥΣ ΑΝΕΛΕΥΘΕΡΩΝ ΔΗΜΟΚΡΑΤΙΩΝ

N. C. Alivizatos 241 | Un ministre du Front Populaire à Athènes et à faire entendre une énergique allocution qui ramena le calme. La cérémonie s’acheva dans une grande dignité, sinon avec moins de transports” 7 . Cet extrait provient des huit pages dédiées à la Grèce dans les Souvenirs et solitude que Jean Zay a rédigés dans sa cellule de la prison de Riom, quelques années plus tard 8 . Il résume son état d’esprit à l’ égard d’un pays, ou comme le notait-il, “la situation était semblable à celle de la plupart des pays balkaniques: un divorce latent entre le gouvernement et l’opinion”. “Mais, continuait-il, supprimer la parole dans le pays où elle est née était une entreprise pa- radoxale. Les bornes de la place publique, dans le moindre village, devenaient des tribunes”. En d’ autres termes, la Grèce – à laquelle, soi-dit, il a consacré beaucoup plus de réflexions qu’ à l’ Union Soviétique, aux États Unis et aux autres pays qu’ il avait visité pendant ses 40 mois à la rue de Grenelle – , ne l’ attirait pas seulement comme un lieu historique, auquel les philhellènes de tous bords voyaient une des principales sources d’ inspiration de la ci- vilisation occidentale; la Grèce le séduisait comme pays moderne qui, tordu par les grands conflits du monde contemporain, s’ efforçait d’ établir ses alliances et forger son chemin. Nommé docteur honoris causa par la Faculté de droit de notre Université, le même jour que René Capitant et Harold Laski, le symbole de la gauche anglaise du cercle londonien de Blumsberry, Jean Zay était le premier non-grec à prendre la parole pour adresser une allocution officielle au cours de la cérémonie d’ ouverture des célébrations du centenaire, dans la grande salle des fêtes de l’ Université, devant le roi et Métaxas, le dimanche 18 avril 1937. Après avoir évoqué “la vieille maison de l’architecte Cléanthis”, où, en mai 1837, le jeune roi Othon inaugurait la première université sur la péninsule balkanique, et après avoir rappelé les liens spirituels qui unissent depuis toujours la France et la Grèce, Jean Zay a terminé son discours avec un appel fortement politique: “[…] dans l’Europe tourmentée de notre temps, un idéal supérieur de paix et de travail doit élever tous les peuples au-dessus de leurs intérêts particuliers pour les porter sur le plan d’une indispensable collaboration” 9 . Plus de quatre-vingt ans depuis, cet appel reste, me semble-t-il, actuel. Il appartient aux générations nouvelles de montrer qu’il est de surcroît réaliste. 7. Souvenirs et solitude , op.cit., p. 199-200. 8. Sur la violente campagne de presse du gouvernement de Vichy contre Jean Zay, son procès, son incarcération et son assassinat, voir notamment A. Prost et P. Ory, Jean Zay. Le ministre assassiné, 1904-1944, Paris, éd. Tallandier, 2015 et J. Zay, Écrits de prison, 1940-1944, Paris, éd. Bélin, 2014. 9. Université d’Athènes, Centenaire 1837-1937 (Εκαντοετηρίς 1837-1937) , Athènes, 1937, ainsi que I. K. Karakostas, Histoire de la Faculté de droit d’Athènes (Iστορία της Νομικής Σχολής Αθηνών) , t. III, [1911-1940], Athènes, éd. Nomiki Vivliothiki, 2017, p. 225.

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